Malawi : Le défenseur des droits humains Sylvester Namiwa violemment agressé dans un contexte d’escalade de la violence politique et de la répression à l’approche des élections générales
Front Line Defenders condamne fermement la violente attaque contre l’éminent défenseur des droits humains Sylvester Namiwa fin juin et est profondément préoccupée par le rétrécissement de l’espace civique au Malawi à l’approche des élections générales prévues le 16 septembre 2025.
Sylvester Namiwa est l’un des principaux défenseurs des droits humains et de la bonne gouvernance au Malawi ; il est directeur exécutif du Centre pour la démocratie et les initiatives de développement économique (CDEDI). Il joue un rôle central dans la promotion des libertés civiles, de la transparence électorale et des droits constitutionnels. Son travail est axé sur la mobilisation civique pacifique, la responsabilité des gouvernements et la sauvegarde des institutions démocratiques, souvent dans un contexte de menaces, d’acharnement judiciaire et de surveillance.
Le 26 juin 2025, Sylvester Namiwa a été brutalement agressé par plus de 200 individus armés brandissant des machettes alors qu’il participait à une manifestation pacifique au centre communautaire de Lilongwe. La manifestation, organisée pour exiger des élections crédibles, a été violemment interrompue alors qu’elle était autorisée et pacifique. Plus de quinze blessures graves lui ont été infligées sur tout le corps. L’attaque s’est produite en plein jour, en présence des services de police du Malawi (MPS) et des forces de défense du Malawi (MDF), qui ne sont pas intervenus. Depuis l’agression, Sylvester Namiwa continue de recevoir des menaces de mort, ce qui souligne la nécessité urgente de mettre en place des mesures de protection.
Cette attaque n’est pas un incident isolé, mais fait partie d’un ensemble plus large et profondément inquiétant de violences et d’actes d’intimidation à motivation politique visant la société civile. Depuis 2023, les défenseur⸱ses des droits humains, les activistes de la société civile, les journalistes, les personnalités de l’opposition et les manifestants pacifiques font l’objet de menaces, d’agressions et de harcèlement répétés, souvent au vu et au su des agences de sécurité de l’État.
La Malawi Law Society a recensé de nombreux incidents de ce type, notamment des attaques contre des enseignants, des fonctionnaires, des partisans de l’opposition et des manifestants qui protestaient contre les augmentations du coût de la vie et les pénuries de carburant. D’autres organisations, telles que Youth and Society (YAS), ont compilé une chronologie des incidents violents survenus entre 2023 et 2025, notamment des attaques physiques contre des manifestants, le pillage de bureaux et l’intimidation systématique des dissidents, ce qui démontre une fois de plus le dangereux déclin de l’espace démocratique au Malawi. Malgré les condamnations publiques du président Lazarus Chakwera, les institutions de l’État, notamment le ministère de la Sécurité intérieure et l’Inspecteur Général de la police, n’ont pas agi à plusieurs reprises, ce qui a gravement sapé la confiance du public et l’obligation de rendre des comptes.
Front Line Defenders appelle le gouvernement du Malawi à prendre immédiatement des mesures significatives pour mettre fin à l’escalade des menaces contre la société civile et pour s’assurer que les défenseur⸱ses des droits humains puissent mener à bien leur travail légitime sans crainte de représailles. Il est essentiel que les attaques telles que celle perpétrée contre Sylvester Namiwa fassent l’objet d’enquêtes indépendantes et que le coupable rende des comptes à tous les niveaux. À l’approche d’une période électorale cruciale, les autorités doivent faire preuve d’une volonté claire et d’un engagement inébranlable pour protéger l’espace civique, faire respecter les droits constitutionnels et favoriser un environnement dans lequel l’action en faveur des droits humains est pleinement respectée.