TPO/Israël : Déclaration de solidarité avec les défenseur⸱ses des droits humains palestiniens en danger dans la bande de Gaza occupée
Front Line Defenders exprime sa profonde inquiétude quant au sort des défenseur⸱ses des droits humains (DDH) palestiniens dans la bande de Gaza occupée, qui poursuivent leur travail essentiel en faveur des droits humains et amplifient la voix des civils palestiniens, tout en étant confrontés à une famine forcée dans le cadre du génocide en cours perpétré par les autorités israéliennes.
Depuis plus de 21 mois, les DDH palestiniens à Gaza poursuivent leur action vitale en faveur des droits humains malgré les déplacements forcés, la famine, la violence, le risque de détention arbitraire et d’autres menaces constantes, et malgré la perte de leurs proches. Aujourd’hui, la situation atteint un niveau de brutalité sans précédent. L’utilisation par les autorités israéliennes de la famine comme arme de génocide est de plus en plus évidente dans tous les secteurs de la société à Gaza, notamment son impact dévastateur sur les DDH et sur leur capacité à mener à bien leur travail en faveur des droits humains.
Front Line Defenders continue de recevoir des demandes urgentes de protection et d’assistance de la part de défenseur⸱ses des droits humains et d’autres personnes à Gaza, qui reflètent la détérioration rapide de la situation humanitaire dans la zone. Ces demandes mettent en évidence le besoin urgent d’accès aux produits de première nécessité, tels que la nourriture, l’eau potable et les abris, et révèlent également les risques graves encourus par les DDH en raison des attaques, des déplacements et du siège en cours.
Le 21 juillet 2025, un groupe de journalistes palestiniens est apparu dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, en train de boire de l’eau mélangée à du sel pour ne pas perdre connaissance pendant le reportage, à cause du manque de nourriture. Le Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) a publié une déclaration avertissant que Gaza est sur le point d’atteindre les trois indicateurs de famine internationalement reconnus. Selon le communiqué, « les informations recueillies sur le terrain et les témoignages obtenus par les chercheurs du PCHR, qui font eux-mêmes partie de la population soumise à la politique de famine systématique menée par Israël, indiquent que la crise de la faim s’aggrave rapidement ».
Le 24 juillet 2025, les principaux organes de presse internationaux, dont la British Broadcasting Corporation (BBC) et l’Agence France-Presse (AFP), ont fait part de leurs vives inquiétudes quant à la sécurité de leurs journalistes à Gaza, avertissant qu’ils risquaient de mourir de faim. « Les journalistes subissent de nombreuses privations et situations critiques dans les zones de guerre. Nous sommes profondément alarmés par le fait que la menace de famine soit désormais l’une d’entre elles ».
Ces développements alarmants soulignent les risques extrêmes encourus par celles et ceux qui défendent les droits humains à Gaza. Malgré le ciblage systématique des civils et de la société civile depuis le début du génocide en octobre 2023, les DDH palestiniens continuent de soutenir leurs communautés et de documenter les violations, notamment les crimes de guerre commis par les forces israéliennes.
Depuis octobre 2023, les autorités israéliennes mènent une campagne intense de violence et de privations qui entraîne des pertes civiles massives, des déplacements généralisés et un effondrement de la situation humanitaire à Gaza. Selon le ministère de la Santé à Gaza, plus de 58 000 Palestiniens ont été tués et plus de 139 000 ont été blessés à ce jour. Malgré les appels répétés de la communauté internationale et les directives contraignantes de la Cour internationale de justice (CIJ) pour cesser les opérations qui constituent des actes de génocide, les forces israéliennes poursuivent leur assaut.
Dans ce contexte, les DDH à Gaza sont systématiquement pris pour cible par les forces israéliennes pour leurs actions pacifiques et essentielles en faveur des droits humains. Les professionnels de la santé sont tués, arbitrairement arrêtés, torturés ou emprisonnés simplement pour soigner les blessés ou pour avoir refusé d’évacuer les hôpitaux. Le Dr Hussam Abu Safiya, par exemple, a été arrêté et aurait été torturé pour avoir refusé d’évacuer l’hôpital Kamal Adwan, tandis que le Dr Zeyad Tatari a été tué par une frappe aérienne israélienne alors qu’il travaillait à l’hôpital Al Awda. Le Dr Saeed Joda, qui était le dernier orthopédiste de Gaza, a été abattu par un drone israélien alors qu’il se rendait d’un hôpital à l’autre. Les journalistes qui documentent les crimes de guerre et font entendre la voix des Palestiniens de Gaza sont confrontés à des risques similaires. Les journalistes Hamza Al-Dahdouh et Mustafa Thuraya ont été tués lors d’une frappe aérienne directe qui visait leur véhicule. Les organisateurs communautaires qui cuisinent et distribuent de la nourriture pour soutenir les personnes déplacées dans leurs communautés locales font également partie des personnes ciblées.
Front Line Defenders est profondément préoccupée par la sécurité et la vie des défenseur⸱ses des droits humains palestiniens à Gaza, en particulier dans le contexte de la famine forcée qui se poursuit et s’aggrave. Les risques croissants auxquels ils sont confrontés ne les mettent pas seulement en danger individuellement, mais risquent également de réduire au silence l’une des dernières sources d’information directes et indépendantes à l’intérieur de la bande de Gaza.
Front Line Defenders appelle l’Union européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis et les pays voisins du territoire palestinien occupé, en particulier l’Égypte et la Jordanie, à exiger un cessez-le-feu immédiat et durable, à mettre fin à l’utilisation par Israël de la famine forcée et d’autres actes de génocide, et à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza dans des conditions sûres et dignes, y compris de l’eau, de la nourriture et des fournitures médicales. Les défenseur⸱ses des droits humains doivent pouvoir mener à bien leurs actions légitime et pacifique en faveur des droits humains sans craindre de représailles ou d’attaques.