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La défenseuse des droits humains Zhanar Sekerbayeva détenue depuis 10 jours

Statut: 
Détenue
À propos de la situation

Le 28 février 2025, les forces de l’ordre kazakhes ont arrêté illégalement la défenseuse des droits humains Zhanar Sekerbayeva et l’ont conduite au poste de police d’Almalinsk à Almaty. Les autorités l’accusent d’avoir violé la partie 7 de l’article 488 du Code des infractions administratives du Kazakhstan pour avoir organisé et mené des manifestations pacifiques. Le même jour, le tribunal administratif spécialisé interdistrict d’Almaty a condamné Zhanar Sekerbayeva à 10 jours de détention administrative. Elle purgera sa peine dans un centre de réception spéciale pour les détenus administratifs au sein du département de police d’Almaty.

À propos de Zhanar Sekerbayeva

Zhanar Sekerbayeva est défenseuse des droits humains, militante LGBTQI+ et cofondatrice de l’initiative féministe kazakhe « Feminita ». Elle est également journaliste, poète, chercheuse et titulaire d’un doctorat en sciences sociales (Université de Tsukuba). Elle plaide aux niveaux local et international, reliant les domaines académique et civique.

3 Mars 2025
La défenseuse des droits humains Zhanar Sekerbayeva détenue depuis 10 jours

Le 28 février 2025, les forces de l’ordre kazakhes ont arrêté illégalement la défenseuse des droits humains Zhanar Sekerbayeva et l’ont conduite au poste de police d’Almalinsk à Almaty. Les autorités l’accusent d’avoir violé la partie 7 de l’article 488 du Code des infractions administratives du Kazakhstan pour avoir organisé et mené des manifestations pacifiques. Le même jour, le tribunal administratif spécialisé interdistrict d’Almaty a condamné Zhanar Sekerbayeva à 10 jours de détention administrative. Elle purgera sa peine dans un centre de réception spéciale pour les détenus administratifs au sein du département de police d’Almaty.

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Zhanar Sekerbayeva est défenseuse des droits humains, militante LGBTQI+ et cofondatrice de l’initiative féministe kazakhe « Feminita ». Elle est également journaliste, poète, chercheuse et titulaire d’un doctorat en sciences sociales (Université de Tsukuba). Elle plaide aux niveaux local et international, reliant les domaines académique et civique.

Le 28 février 2025, vers 15 h heure locale, trois représentants des forces de l’ordre kazakhes ont arrêté la défenseuse des droits humains Zhanar Sekerbayeva alors qu’elle s’entraînait à la salle de sport, et l’ont emmenée au commissariat de police d’Almalinsk, à Almaty. La défenseuse a indiqué que les fonctionnaires n’avaient présenté aucune citation à comparaître, ce qui signifie qu’elle a été illégalement amenée au commissariat. L’un des officiers, qui a parlé à l’avocate de la défenseuse, a déclaré qu’elle était convoquée pour faire une déposition de clarification dans le cadre d’une autre affaire, dans laquelle Zhanar Sekerbayeva est accusée d’être à la tête d’une association publique non enregistrée.

Au commissariat, les autorités l’ont informée qu’elle était également visée pour sa participation à une manifestation pacifique le 13 mai 2024 : ce jour-là, la défenseuse des droits humains avait participé à une manifestation pacifique contre le féminicide, réagissant publiquement au meurtre violent de Saltanat Nukenova par son mari Kuandyk Bishimbayev, ancien ministre de l’Économie nationale du Kazakhstan, qui était jugé au moment de la manifestation. Les autorités l’accusent d’avoir violé la partie 7 de l’article 488 du Code des infractions administratives du Kazakhstan concernant l’organisation et la conduite de manifestations pacifiques.

Le même jour, le tribunal administratif spécialisé interdistrict d’Almaty a condamné Zhanar Sekerbayeva à 10 jours de détention administrative, et l’a placée en détention au centre de réception spéciale pour les détenus administratifs au sein du département de police d’Almaty. La défenseuse restera en détention jusqu’au 10 mars 2025. Ses alliés de l’initiative Feminita ont indiqué sur leur page sur les réseaux sociaux qu’ils considéraient cette détention comme une mesure visant à empêcher Zhanar Sekerbayeva de participer à des manifestations pacifiques à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Les autorités kazakhes empêchent systématiquement les défenseuses des droits humains d’organiser une manifestation pacifique le 8 mars à Almaty, au motif que la marche risquait de troubler l’ordre public.

Ces dernières années, Zhanar Sekerbayeva et l’initiative Feminita sont systématiquement prises pour cible en raison de leur action en faveur des droits humains. Les 19 et 21 février 2025, le tribunal d’Almaty a condamné les cofondatrices de Feminita à une amende pour avoir dirigé une association publique non enregistrée, bien que Feminita se soit vu refuser à plusieurs reprises d’être officiellement enregistrée par l’État en tant qu’organisation de défense des droits humains. Cela s’est produit après une nouvelle tentative de l’« Union des parents du Kazakhstan » de perturber la manifestation de Feminita à Almaty le 13 février 2025. En octobre 2024, des représentants de l’« Union des parents du Kazakhstan » avaient déjà attaqué la manifestation de Feminita à Almaty pour tenter de l’interrompre. Ces deux attaques n’ont pas fait l’objet d’enquêtes. Le jour de l’attaque, un représentant du parti politique Amanat au Parlement kazakh a demandé au parquet général d’interdire les activités de Feminita liées aux droits humains dans le pays et de la qualifier d’organisation extrémiste.

Front Line Defenders condamne fermement l’arrestation et la détention de la défenseuse des droits humains Zhanar Sekerbayeva, car elle pense qu’elle est prise pour cible en raison de son travail pacifique et légitime en faveur des droits humains. L’organisation est vivement préoccupée par le nombre croissant d’attaques fondées sur des motifs fallacieux contre la défenseuse et son initiative Feminita. Cette inquiétude est renforcée par l’absence d’enquête sur les attaques violentes et perturbatrices contre la défenseuse des droits humains et les événements organisés dans le cadre de ses initiatives. Un tel ciblage peut avoir un effet paralysant sur la société civile et ne favorise pas la création d’un environnement sûr et propice auquel les défenseur⸱ses des droits humains ont droit pour mener à bien leur travail au Kazakhstan en vertu du droit international.

Front Line Defenders exhorte les autorités du Kazakhstan à :

  1. Libérer immédiatement et sans condition la défenseuse des droits humains Zhanar Sekerbayeva et veiller à ce qu’elle soit totalement acquittée ;
  2. Prendre les mesures nécessaires afin de garantir l’intégrité physique et psychologique et la sécurité de Zhanar Sekerbayeva ;
  3. S’abstenir de recourir à la détention administrative ou à toute autre forme de détention et d’intimidation pour réduire au silence les défenseuses des droits humains et les empêcher de participer à des manifestations pacifiques au Kazakhstan ;
  4. Garantir qu’en toutes circonstances, tous les défenseur·ses des droits humains au Kazakhstan puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l’acharnement judiciaire.