Le défenseur autochtone des droits humains Ringrong Mro détenu arbitrairement dans la prison du district de Bandarban en vertu de fausses accusations

Le 23 février 2025, le défenseur autochtone du droit à la terre Ringrong Mro a été arbitrairement placé en détention dans la prison du district de Bandarban après avoir été arrêté le 22 février 2025, sur la base d’une plainte déposée par Lama Rubber Industries Limited en 2022. Selon les militants locaux et les défenseurs autochtones, il s’agit d’une stratégie visant à criminaliser les actions de défense des terres ancestrales.

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Ringrong Mro est un éminent leader autochtone et défenseur des droits humains de la communauté Mro, à Lama Upazila, Bandarban. Il est au premier plan des efforts déployés au niveau local pour protéger les terres indigènes et l’environnement, en particulier contre empiétement illégal par les entreprises. Son travail dans le domaine des droits humains se concentre sur l’accaparement des terres par des entreprises telles que Lama Rubber Industries Limited, accusée par les communautés autochtones locales d’occuper par la force les terres ancestrales des peuples autochtones.

En tant que fervent défenseur des droits de la communauté Mro, Ringrong Mro est confronté à des risques importants, notamment des menaces, des actes de harcèlement et des persécutions judiciaires. Son travail joue un rôle essentiel pour sensibiliser le public sur les thèmes de la dépossession des terres et de la dégradation de l’environnement dans les Chittagong Hill Tracts, une région longtemps marquée par des conflits fonciers affectant les communautés indigènes.

Dans la soirée du 22 février 2025, Ringrong Mro a été arrêté arbitrairement par des policiers de Lama Upazila en civil, sans mandat d’arrêt, à Langkam Para, Sarai Union, district de Bandarban. Son arrestation a suscité une condamnation générale de la part des organisations de défense des droits humains et des groupes de défense des droits des populations autochtones, donnant lieu à des manifestations de masse à Dhaka et à des appels en faveur de sa libération immédiate.

Ringrong Mro avait déjà été arrêté le 14 août 2022 après que la société Lama Rubber Industries Limited a porté plainte contre lui et dix autres membres de la communauté pour rassemblement illégal et dégâts volontaires par le feu ou une substance explosive en vertu de l’article 435 du Code pénal du Bangladesh, une accusation pour laquelle il encourt jusqu’à sept ans de prison et une amande.

Selon les communautés locales, ces arrestations s’inscrivent dans le cadre d’une répression plus large des défenseur·ses du droit à la terre et des populations autochtones, en particulier de celles et ceux qui protègent les 162 hectares de terres ancestrales contre l’occupation illégale par l’entreprise de caoutchouc. En 1992, Lama Rubber Industries Ltd. s’est vu accorder un bail par le conseil du district de Bandarban Hill pour la culture du caoutchouc. Depuis lors, les communautés locales accusent l’entreprise d’accaparement des terres et d’incendier les maisons des communautés Mro et Tripura.

Ce cas met en évidence les risques systémiques auxquels sont confrontés les militants autochtones au Bangladesh, en particulier dans les Chittagong Hill Tracts, où les conflits fonciers persistent.

Front Line Defenders condamne l’arrestation sans mandat et l’acharnement judiciaire du défenseur du droit à la terre Ringrong Mro pour son travail légitime en faveur des droits humains.

Front Line Defenders exhorte les autorités bangladaises compétentes à :

1. Libérer immédiatement et sans condition Ringrong Mro et abandonner toutes les charges retenues contre lui, car ces actions semblent uniquement motivées par son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains ;
2. Assurer la protection, tant physique que psychologique, de Ringrong Mro pendant sa détention, ainsi que celle de tous les défenseur⸱ses des droits humains autochtones au Bangladesh ;
3. Mener une enquête approfondie et impartiale sur les pratiques d’accaparement des terres, obliger les entreprises à rendre des comptes et renforcer les garanties juridiques du droit à la terre des populations autochtones dans les Chittagong Hill Tracts ;
4. Garantir que tous les défenseur⸱ses des droits humains au Bangladesh, en particulier ceux des communautés Mro et Tripura, puissent mener leurs activités sans crainte de représailles et sans acharnement judiciaire.