Le défenseur des droits humains Yambem Laba enlevé par un groupe armé dans l’État du Manipur

Le 11 février 2025, le défenseur des droits humains Yambem Laba a été enlevé à son domicile dans l’État du Manipur par un groupe d’hommes armés. Pendant plus de 7 heures après son enlèvement, il n’y a eu aucune information sur l’endroit où il se trouvait. Le défenseur des droits humains a ensuite été libéré, après avoir été contraint de s’excuser pour ses déclarations dans lesquelles il critiquait les groupes combattants du Manipur et après s’être engagé à ne plus faire d’apparitions ou de déclarations publiques. On pense que l’enlèvement était une mesure de représailles contre ses déclarations publiques concernant la violence dans Manipur et ses commentaires sur le contexte politique suite à la démission du ministre en chef du Manipur, Bhiren Singh, le 9 février 2025.

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Yambem Laba est journaliste et correspondant spécial du Statesman, un quotidien en langue anglaise. Il est l’ancien président par intérim de la Commission des droits humains du Manipur. Le défenseur a critiqué le gouvernement du ministre en chef du Manipur, en raison de son incapacité à mettre fin aux violences ethniques qui touchent l’État depuis plus d’un an et demi.

Le 11 février 2025, vers 3 h 30 du matin, un groupe d’environ 15 à 20 hommes armés non identifiés a enlevé le défenseur des droits humains Yambem Laba à son domicile à Uripok Yambem Leikai, Imphal, Manipur. Cette décision fait suite à la participation du défenseur à un débat télévisé dans la soirée du 10 février, au cours duquel il a évoqué la démission du ministre principal du Manipur, Bhiren Singh. L’enlèvement a eu lieu aux premières heures du 11 février, lorsque le groupe est entré chez lui et l’a enlevé sous la menace d’une arme. Aucune information n’a été donnée sur le sort de Yambem Laba jusqu’à 11 heures (heure locale), lorsqu’il a été libéré à condition qu’il s’excuse d’avoir fait des déclarations contre des groupes combattants et qu’il promette de ne plus faire d’apparitions à la télévision.

Yambem Laba a déjà été pris pour cible à plusieurs reprises par les autorités de l’État et des groupes armés non étatiques en raison de son travail en faveur des droits humains, et pour avoir dénoncé les effets négatifs des politiques gouvernementales et de la violence ethnique qui sévit dans l’État du Manipur. En octobre 2024, le défenseur des droits humains a été arrêté sur la base de fausses accusations en représailles contre ses critiques du gouvernement de Bhiren Singh. La maison de Yambem Laba a également été attaquée à plusieurs reprises, notamment quelques jours avant l’enlèvement, lorsque des combattants ont tiré plusieurs coups de feu sur sa maison et exigé que le défenseur supprime un message posté sur Facebook dans lequel il critiquait les groupes armés du Manipur.

Front Line Defenders est extrêmement préoccupée par la sécurité de Yambem Laba, après que le défenseur des droits humains de 69 ans a été détenu dans un lieu tenu secret pendant plus de 7 heures, en représailles contre son travail légitime en tant que défenseur des droits humains. Notre inquiétude est d’autant plus grande qu’il a été enlevé par un groupe armé qui a menace régulièrement les défenseur⸱ses des droits humains qui critiquent leur comportement.

Front Line Defenders exhorte les autorités indiennes à :

1. Mener immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur l’enlèvement de Yambem Laba, en vue d’en publier les résultats et de traduire les responsables en justice.
2. Mener une enquête immédiate, approfondie et impartiale sur les attaques armées répétées perpétrées par les combattants au domicile de Yambem Laba, en vue de publier les résultats et de traduire les responsables en justice.
3. Veiller à ce que les défenseur⸱ses des droits humains au Manipur soient protégés contre les représailles des groupes étatiques et non étatiques, et mettre fin aux persécutions et aux sanctions à l’encontre des défenseur⸱ses des droits humains dans l’État, notamment pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et à la dissidence pacifique.