Le défenseur des droits humains et journaliste Nuruzzaman Labu ciblé par des menaces et des actes d’intimidations pour avoir dénoncé l'extrémisme

Entre le 13 et le 15 avril 2025, le défenseur des droits humains Nuruzzaman Labu a reçu de multiples menaces par le biais d'appels téléphoniques et des réseaux sociaux, suite à son reportage sur un rassemblement où ont été brandies des images de l'État islamique (EI) et d'Al-Qaïda. Les menaces ont été proférées par des individus qui défendent les groupes extrémistes et comprenaient des attaques personnelles et des actes d'intimidation. L'un des individus est lié au groupe militant interdit « Ansar al-Islam ». Le défenseur des droits humains a depuis porté plainte auprès de la police et des associations nationales de journalistes ont publié des déclarations de solidarité et demandé sa protection.

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Nuruzzaman Labu est un journaliste basé à Dhaka et un défenseur des droits humains qui a plus d'une décennie d'expérience ; il est spécialisé dans les reportages sur la criminalité et se concentre particulièrement sur le terrorisme, la traite des êtres humains et les droits humains. Il est actuellement correspondant spécial au Bangla Tribune, l'un des principaux portails d'information du Bangladesh. Parmi ses travaux les plus remarquables, on peut citer le livre "Holy Artisan" (2017) : A Journalistic Investigation', la seule enquête journalistique complète sur l'attentat terroriste perpétré en 2016 à la boulangerie artisanale Holey à Dhaka.

Le 14 avril 2025, Nuruzzaman Labu a déposé une plainte (General Diary - GD) au poste de police de Sher-e-Bangla (GD n° 904) pour signaler les menaces qu'il a reçues et demander une protection, une procédure essentielle qui permet à toute personne de déposer une plainte ou de signaler un délit à la police. En réponse, plusieurs organisations nationales de journalistes, dont la Dhaka Reporters Unity (DRU), la Bangladesh Crime Reporters Association (CRAB) et la Dhaka Union of Journalists (DUJ), ont publié des déclarations publiques de soutien au défenseur, condamnant les menaces dont il a fait l'objet.

Le 13 avril 2025, un homme non identifié a contacté le bureau du Bangla Tribune en demandant à parler à Nuruzzaman Labu. La personne a proféré des menaces car il figurait sur une photo publiée par le média. Plus tard dans la journée, Nuruzzaman Labu a rappelé cet homme qui l’a appelé par son nom. L’homme a indiqué qu'il avait le numéro personnel du défenseur et qu'il le rappellerait dans la soirée. Le même jour, un ancien officier militaire et chef fugitif du groupe militant interdit « Ansar al-Islam » a envoyé une lettre de protestation officielle par e-mail, menaçant d’intenter des poursuites judiciaires si elle n'était pas publiée. Vers 22 heures, Nuruzzaman Labu a reçu un autre appel d'un individu se présentant comme « Mir Farhad ». L'homme s'est montré agressif et a demandé pourquoi son image avait été publiée ; Nuruzzaman Labu lui a expliqué que la photo avait été publiée en raison de la participation de cet homme à un rassemblement où il portait une image d'Oussama ben Laden. L'auteur de l'appel a défendu Al-Qaida et Daech ; il a nié qu'il s'agissait de groupes terroristes et a insisté sur le fait que de telles actions n'étaient punies par aucune loi. L'auteur de l'appel a ensuite tenu des propos offensants sur le plan religieux, mis en doute l'identité du défenseur, proféré des menaces personnelles, demandé les coordonnées d'un fonctionnaire de police cité dans l'article - que M. Labu a refusé de fournir - et terminé en menaçant directement de le « ruiner ».

Le 11 avril 2025, Bangla Tribune a publié un rapport d'enquête de Nuruzzaman Labu intitulé « Rally with IS and Al-Qaeda Flags Tarnishing the Image of the Country » (Les rassemblements avec les drapeaux de Daech et d'Al-Qaida ternissent l'image du pays). L’article passe en revue un rassemblement public au cours duquel des individus ont été vus en train de brandir des images associées à l'État islamique (Daech) et à Al-Qaïda. À la suite de cette publication, le défenseur a fait l'objet d'une campagne d'intimidation et de menaces, à la fois en ligne et par téléphone.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par la sécurité et le bien-être du journaliste et défenseur des droits humains Nuruzzaman Labu, qui a récemment fait l'objet d'une série de menaces, d'abus en ligne et d'intimidations suite à son enquête sur l'extrémisme violent au Bangladesh. Ces menaces récentes semblent être des représailles directes contre son travail légitime en faveur des droits humains.

Front Line Defenders exhorte les autorités bangladaises à :

1. Prendre des mesures immédiates pour assurer la sécurité et l'intégrité physique de Nuruzzaman Labu, en le consultant ;

2. Enquêter rapidement et de manière impartiale sur les menaces dont il fait l'objet, y compris celles qui seraient liées à des réseaux extrémistes, et faire en sorte que les responsables rendent des comptes ;

3. Affirmer publiquement le droit des journalistes et des défenseur⸱ses des droits humains à informer librement et sans crainte de représailles ;

4. Veiller à ce que tous les défenseur⸱ses des droits humains au Bangladesh, y compris les journalistes, puissent exercer leur activité sans subir de menaces, de harcèlement ou de représailles, conformément aux obligations et aux engagements internationaux du Bangladesh en matière de droits humains.