Honduras : Déclaration finale de la délégation internationale de solidarité avec le peuple Garífuna
Solidarité mondiale contre le racisme structurel et la violence à l’encontre du peuple Garífuna
Tegucigalpa, Honduras – 15 août 2025
Le Réseau international pour les droits économiques, sociaux et culturels (Réseau-DESC) soutient l’OFRANEH, l’un de ses membres, dans sa lutte pour la justice. En tant que réseau mondial regroupant plus de 300 organisations dans plus de 80 pays, nous exprimons notre soutien total à la lutte légitime du peuple Garífuna et à toutes les personnes et communautés qui défendent la vie.
Cette semaine, notre délégation internationale — composée de défenseur⸱ses des droits humains représentant des organisations, des mouvements et des communautés d’Amérique latine, des Caraïbes, d’Amérique du Nord et d’Europe — a eu l’occasion de constater de visu la réalité à laquelle est confronté le peuple Garífuna au Honduras.
Nous avons découvert la lutte pour la réoccupation de Barauda, dans la communauté Garífuna de Nueva Armenia, qui se bat depuis des années pour la défense de ses terres ancestrales. Aujourd’hui, plus de 58 familles œuvrent à la construction de leurs maisons et à la restauration de la fertilité du sol pour la plantation, dans un territoire autrefois dominé par la monoculture de palmiers africains, néfaste pour l’environnement.
Nous avions prévu de nous rendre sur les lieux de plusieurs réoccupations Garífunas dans la baie de Trujillo, mais dans le contexte actuel de persécution judiciaire contre le peuple Garífuna — qui se concentre maintenant sur les poursuites pénales contre cinq leaders communautaires (Cesia Guillen, Cindy Fernández, Gilma Bernárndez, Luis Calderón et Geovanny Bernardez) — nous nous sommes joints à l’OFRANEH pour les soutenir pendant la longue audience initiale. Ces leaders font l’objet d’accusations infondées d’usurpation aggravée et de déplacement forcé sur leur propre territoire ancestral. Nous avons identifié cette affaire comme faisant partie d’un schéma clair d’acharnement judiciaire et de racisme institutionnel, utilisé comme stratégie pour démanteler la lutte du peuple Garífuna et absorber les ressources et l’énergie de l’OFRANEH.
Néanmoins, nous avons été témoins de la résilience des communautés, qui se battent avec détermination et persévérance, et manifestent pacifiquement devant le tribunal de Trujillo.
Nous avons observé l’application sélective du droit pénal et la manipulation du système judiciaire par le pouvoir économique des acteurs étrangers et des grandes entreprises, visant à protéger les intérêts liés aux secteurs de l’immobilier et du tourisme. Le cas de Randy Roy Jorgensen, accusé de blanchiment d’argent et de fraude aggravée à l’encontre de ses compatriotes canadiens, mais toujours en liberté, en est l’illustration.
Nous avons également été accueillis dans la communauté de Faya, Vallecito, un territoire récupéré par l’OFRANEH auprès des propriétaires terriens et du crime organisé qui a été transformé en sanctuaire pour le peuple Garífuna et d’autres communautés alliées. Dans ces territoires, des propositions sont mises en œuvre pour assurer la continuité du peuple Garífuna face aux politiques de dépossession et d’extermination culturelle, auxquelles l’État et d’autres groupes de pouvoir répondent par une violence et une répression systémiques.
Nous sommes inspirés par leur engagement inébranlable à défendre leurs terres ancestrales, malgré une économie politique de la violence qui permet l’extractivisme et la destruction des terres ancestrales, au profit des entreprises, des accapareurs de terres coloniaux et des organisations criminelles — tous protégés par l’impunité.
Nous appelons les autorités à mettre fin aux déplacements violents et à la dépossession du peuple Garífuna et de toutes les communautés autochtones du Honduras. Tous les individus peuvent revendiquer leurs droits économiques, sociaux et culturels fondamentaux. En tant qu’État partie à de nombreux traités relatifs aux droits humains — notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et la Convention n° 169 de l’OIT — le gouvernement du Honduras doit mettre un terme au racisme, à la discrimination et à la criminalisation systématique des communautés Garífunas.
Nous demandons donc :
Les yeux des mouvements et des organisations qui composent le réseau-DESC resteront rivés sur le gouvernement du Honduras, qui doit respecter et garantir les droits ancestraux du peuple Garífuna. Nous réaffirmons notre soutien permanent à l’OFRANEH dans ses luttes, ses propositions de transformation et ses revendications de justice.
- Le respect immédiat des arrêts de la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIADH) dans les affaires Triunfo de la Cruz, Punta Piedra et San Juan, y compris la restitution et l’attribution collective de titres de propriété des terres ancestrales, ainsi que des garanties de non-répétition.
- La fin de la violence et de la criminalisation à l’encontre du peuple Garífuna et de l’OFRANEH ; des enquêtes approfondies et des poursuites sur toutes les menaces, attaques et disparitions forcées, en veillant à ce que tous les responsables, à tous les niveaux, soient tenus de rendre des comptes.
- La vérité et la justice pour la disparition forcée des quatre jeunes hommes de Triunfo de la Cruz (2020), avec des efforts de recherche efficaces, des progrès vérifiables et un soutien complet à leur famille et à leur communauté.
- L’ouverture d’une enquête et de poursuites contre Randy Roy Jorgensen pour fraude aggravée et blanchiment d’argent à l’encontre de ses compatriotes canadiens, trafic de plus de 3 500 pièces du patrimoine culturel volées, et pour son implication présumée dans la récente incursion armée d’agents de sécurité se présentant comme envoyés par l’OABI contre la communauté Garífuna au centre de connaissances ancestrales « Hachari Wayúnagu ».
- La reconnaissance et la mise en œuvre effective du consentement préalable, libre et informé dans tous les projets affectant les territoires Garífuna.
- La suspension immédiate des projets touristiques, immobiliers et agro-industriels imposés sans consultation préalable, en particulier à Vallecito, Trujillo, Tela et Nueva Armenia.
- Des mesures de protection complètes, dans une perspective collective, ethnique et genrée, pour les leaders communautaires et les défenseur⸱ses des droits humains Garífuna, et la fin de l’utilisation abusive du droit pénal pour entraver la défense des droits humains.
- Le respect de l’autonomie et du droit à l’autodétermination du peuple Garífuna pour gérer, administrer et protéger son territoire.
Organisations signataires
Cette déclaration finale est approuvée par les organisations et les mouvements qui ont formé la Délégation internationale de solidarité avec le peuple Garífuna :
- Organización Fraternal Negra Hondureña (OFRANEH) – Honduras
- Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras (COPINH) – Honduras
- Red Nacional de Defensoras de Derechos Humanos en Honduras – Honduras
- Consejo de Pueblos Wuxhtaj — Guatemala
- La Colectiva Feminista en Construcción – Puerto Rico
- Movimiento Nacional CIMARRÓN – Colombie
- Iniciativa Mesoamericana de Mujeres Defensoras de Derechos Humanos (IM-Defensoras) – Mesoamérica
- Front Line Defenders – Irlande/International
- Entrepueblos – Espagne
- Calan Institute for Transterritorial Justice (CATRA) – États-Unis/Honduras
- Secrétariat international du Réseau DESC — International