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15 Juillet 2025

Kenya : Des défenseurs des droits humains détenus arbitrairement et plusieurs défenseuses des droits humains violemment agressées dans un contexte de répression sévère contre la société civile

Front Line Defenders condamne fermement les attaques violentes et les détentions arbitraires des défenseur⸱ses des droits humains au Kenya ces dernières semaines. Il s’agit notamment de l’arrestation et de la détention arbitraires à Mombas de trois défenseurs kenyans Mark Amiani, Mulingwa Nzau et Francis Mutunge Mwangi, fin juin, ainsi que de l’agression violente de plusieurs défenseuses des droits humains et mères endeuillées lors d’une conférence de presse pacifique organisée à la Commission kényane des droits de l’homme (KHRC) à Nairobi, au début du mois de juillet. Ces attaques ont eu lieu au lendemain des manifestations nationales du 25 juin contre les violences policières et les politiques gouvernementales.

Mark Amiani est un défenseur des droits humains qui se consacre à la sauvegarde des droits civils et politiques. Il joue un rôle de premier plan pour documenter les violences policières et défendre la justice sociale par l’intermédiaire du Social Justice Centres Working Group et du mouvement Kongamano la Mageuzi. Son travail se concentre sur la responsabilité au niveau communautaire et sur l’autonomisation des voix marginalisées.

Mulingwa Nzau est défenseur des droits humains et membre du Social Justice Centres Working Group, de Bunge la Wananchi et de Kongamano la Mapinduzi. Il dénonce les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées et d’autres violations graves des droits humains commises par les forces de sécurité. Il joue un rôle central pour développer l’engagement civique et renforcer la résilience des communautés.

Francis Mutunge Mwangi est un défenseur des droits humains qui travaille avec le Ruaraka Social Justice Centre, où il documente les cas de brutalités policières et soutient les initiatives de responsabilisation au niveau communautaire. Son travail dans le domaine des droits humains se concentre sur la surveillance des abus dans le secteur de la sécurité et sur la mobilisation des civils pour obtenir justice ainsi que des réformes institutionnelles.

Le 27 juin 2025, les défenseurs des droits humains Mark Amiani, Mulingwa Nzau et Francis Mutunge Mwangi ont été arrêtés alors qu’ils se rendaient au travail à Mombas. Ils ont été interceptés par des policiers de la Direction des enquêtes criminelles (DCI) et placés en détention sans avoir été informés d’une quelconque accusation formelle. Le 30 juin, les défenseurs ont été traduits devant le tribunal, où le parquet les a accusés d’incitation à la violence, de dégradation de biens et de vol, et a cherché à les maintenir en détention pendant 21 jours supplémentaires pour « faciliter l’enquête », bien qu’ils n’aient présenté aucune preuve crédible les reliant aux violences et aux pillages qui ont eu lieu en marge des manifestations. Mark Amiani, Mulungwa Nzau et Francis Mutunge Mwangi ont été libérés sous caution le 2 juillet. Un jugement prévu le 23 juillet déterminera si l’ICD est autorisé à les détenir pendant 21 jours supplémentaires le temps de conclure son enquête.

L’arrestation et la détention arbitraires des défenseur⸱ses des droits humains ont eu lieu dans le contexte des manifestations nationales du 25 juin 2025 contre les violences policières et les politiques gouvernementales, au cours desquelles 16 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées.

Le fait que les trois défenseurs soient pris pour cible reflète la répression croissante de la société civile au Kenya. Le 6 juillet 2025, un jour avant Saba Saba, la journée historique de résistance au Kenya, un groupe de mères, de veuves, de défenseuses des droits humains et de jeunes femmes ont tenu une conférence de presse dans les bureaux de la Commission kényane des droits de l’homme (KHRC) à Lavington, Nairobi. Elles réclamaient justice pour les personnes tuées, disparues ou blessées lors des manifestations du 25 juin. Vers 13 h 30, des inconnus armés ont envahi l’enceinte de la KHRC, interrompant violemment la conférence de presse pacifique. Les agresseurs s’en sont pris physiquement aux défenseuses des droits humains, ont volé le matériel des journalistes, proféré des menaces et accusé les femmes d’avoir « organisé des manifestations ».

Front Line Defenders condamne la détention et l’acharnement judiciaire à l’encontre des défenseurs des droits humains Mark Amiani, Mulingwa Nzau et Francis Mutunge Mwangi, car elle pense que ces actions sont des représailles contre leur travail pacifique et légitime en faveur des droits humains. Front Line Defenders appelle les autorités kényanes à abandonner les charges et à libérer les défenseurs sans condition. De même, Front Line Defenders condamne l’invasion violente du KHRC et l’agression physique des défenseuses des droits humains et de toutes les personnes qui ont participé à la conférence de presse, car cela constitue une violation de leurs droits à défendre les droits humains et la liberté d’expression et de réunion.

Enfin, Front Line Defenders exprime sa profonde inquiétude face à la répression sévère de la société civile au Kenya. L’arrestation arbitraire des trois défenseurs des droits humains et les agressions physiques qui ont eu lieu au cours de la conférence de presse, associées à la détention continue de militants pacifiques, mettent en évidence un schéma systématique d’intimidation, d’enlèvement et d’acharnement judiciaire visant les acteurs de la société civile dans tout le pays, qui semble avoir pour but de démanteler la société civile et de réduire au silence les défenseur⸱ses des droits humains au Kenya.